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Survivre à la rentrée, le miracle des routines!

Si j’avais 3 jours de plus par semaine!
Quand mes enfants étaient petits, j’ai toujours trouvé que cette sensation des premières semaines de la rentrée s’apparentait à l’inconfort de rentrer dans des souliers 2 points plus petits que la taille de mes pieds. Quelques jours avant le retour en classe, je me demandais comment j’allais faire pour entrer dans l’agenda déjà rempli tout ce qui m’attendait. Il me semblait que j’arrivais déjà juste alors que les cours de hockey, de guitare et de natation n’étaient pas commencés, que les enfants n’avaient pas de devoirs à faire, qu’aucune réunion de parents n’était encore au calendrier et que personne ne manquait de matériel scolaire spécifique qui ne se trouve qu’après avoir fait le tour de 3 Bureau en Gros. Des semaines de 7 jours l’été, ça va, mais pendant l’année scolaire, ça prendrait 10 jours dans une semaine!

J’ai toutefois survécu à chaque retour de vacances, comme vous tous. Et au fil du temps, j’ai raffiné mon art de la rentrée en douceur par l’intégration dans mon quotidien d’une multitude de facilitateurs. Évidemment, un bon sens de l’organisation et de la prévision est essentiel. Et une grande dose d’énergie est fondamentale. Mais on peut bien être les personnes les plus reposées du quartier et gagner un premier prix pour notre sens de l’organisation et notre efficacité, ce qui va vraiment nous aider, c’est que nos enfants soient autonomes. Et pour les guider vers l’autonomie, l’intégration de routines dans notre quotidien agit comme un véritable miracle.

La routine n’est pas une prison
Le mot «routine» a mauvaise réputation pour certains. Il est parfois associé au manque de spontanéité, de liberté et à l’ennui. Bien sûr, si la vie familiale n’est faite que de routines, il risque d’y manquer le plaisir, le naturel, les imprévus et les surprises. Dans ce cas, c’est effectivement l’ennui qui nous guette.

Je ne parle pas de s’emprisonner dans un quotidien tout prévu d’avance, au contraire. L’établissement de routines dont je parle permet de circonscrire dans le temps, les tâches à faire, les obligations qu’on a tous, afin de récupérer des minutes précieuses pour le jeu, la liberté et la spontanéité.

Combien de temps perdons-nous le matin à répéter à notre enfant de s’habiller plus vite, pour avoir le temps de manger, de préparer son sac, son lunch, de brosser ses dents, de ne pas oublier son livre à remettre à la bibliothèque pour éviter que vous arriviez en retard au travail? Si au moins, ça marchait et que la semaine suivante, ils avaient compris. Mais plus on répète, moins les choses changent!

Si tous les parents rêvent que leurs enfants puissent être autonomes et faire leurs tâches, bien peu ont la recette pour que cela fonctionne tout seul. Comment fait-on pour passer de ce beau rêve à la réalité?

Passer du rêve à la réalité
Ce serait mentir que de vous dire qu’il est simple, au début, d’intégrer des routines. Il faut de la patience, de l’énergie et de la détermination, car les enfants chercheront toujours à vous tester pour voir si vous serez persévérants dans votre nouvel encadrement. La constance est de rigueur.

La première chose à faire est d’établir tous les éléments de la routine et de les exprimer clairement à votre enfant. Par exemple, en arrivant de l’école: rangement des manteaux, lavage des mains, rangement de la boîte à lunch, collation et installation pour les devoirs.

Il est nécessaire de fixer un temps limite pour effectuer ces tâches. Dans l’exemple précédent, 15 ou 20 minutes seront suffisantes.

L’enfant doit comprendre pourquoi il est important d’être autonome dans cette routine. Vous pouvez lui dire, dépendamment de son âge, que vous souhaitez gagner du temps pour pouvoir jouer avec lui après souper. Il doit saisir que c’est ce temps qu’il perdra s’il n’arrive pas à faire sa routine correctement dans les délais. Son autonomie viendra du fait qu’il devra choisir d’être à son affaire pour bénéficier de son temps libre.

Un ingrédient essentiel: les conséquences
Le point tournant de la réussite est que le parent doit faire en sorte que l’enfant assumera véritablement la conséquence de son choix de ne pas avoir fait sa routine dans les délais, à chaque fois. Sinon, c’est peine perdue.

Dans mes coachings pour parents, une mère me racontait que sa fille de 9 ans n’était jamais à l’heure le matin et qu’elle devait toujours lui répéter de se dépêcher pour qu’elle ne manque pas son autobus. La jeune fille aimait prendre son temps pour manger et pour choisir ses vêtements. La mère répétait chaque jour et était devenue exaspérée. Elle rentrait au travail avec l’impression qu’elle avait déjà fait une journée de travail. Quand je lui ai fait observer qu’elle prenait l’horaire de sa fille en charge et qu’elle ne lui faisait jamais vivre la conséquence de son choix de prendre son temps, cette mère se demandait bien quelle était sa prise. En fait, elle faisait tout pour éviter que sa fille manque son autobus. Voilà pourquoi rien ne changeait.

Comme parent, nous avons parfois à vivre des contraintes. Voilà une contrainte face à laquelle cette mère était placée. Quand elle a été certaine qu’elle pouvait vivre avec le fait que sa fille manque son autobus une fois, elle l’a avisée qu’elle ne lui parlerait plus de la routine et que si elle choisissait de manquer son autobus, ce serait son choix à elle.

La mère s’est tue et la fille a manqué son autobus. La mère a dû aller la reconduire à l’école. Elle l’a fait, sans lui faire de morale, sans non plus lui faire la jasette. L’enfant n’a pas aimé vivre ce stress. Elle a compris sa responsabilité et les implications de son manque de responsabilité. Elle n’a plus jamais manqué l’autobus, m’a raconté sa mère plus tard.

Survivre à la routine du soir!
L’heure du coucher est certainement une autre partie de la vie familiale susceptible de se compliquer énormément. Quel dommage quand ce moment de la journée, que nous voudrions vivre en paix, se conclut par de l’obstination et des chicanes. L’établissement d’une routine avec des choix donnés à l’enfant peut ici encore simplifier la situation. Pour illustrer la méthode, voici celle que j’ai utilisée chez moi.

En septembre, chacun de mes enfants savait à quelle heure il devait se mettre au lit. Il y avait les heures de semaine et les heures de week-end. Ces heures étaient fixées en fonction de l’âge de l’enfant, de son rang dans la famille et de ses besoins de sommeil.

Tous mes enfants étaient également au courant des différentes actions qu’ils devaient avoir effectuées avant de se mettre au lit: par exemple, ramasser les jouets et les effets personnels, prendre sa douche, se brosser les dents, aller aux toilettes… Plus les enfants étaient grands, plus ils devaient être autonomes dans cette préparation.

Jusque-là, me direz-vous, rien ne garantit qu’ils le feront! C’est vrai! À moins qu’ils perdent quelque chose à quoi ils tiennent et qui arrive à la toute fin de la routine! Par exemple, chez moi, les enfants pouvaient choisir, une fois au lit, de lire pendant un temps déterminé, puis ensuite, d’avoir 15 minutes, seul avec moi. Les plus jeunes avaient droit à la lecture d’un conte par un des deux parents. Alors, les enfants savaient que s’ils choisissaient de ne pas respecter les consignes à l’heure de la routine du coucher, s’ils décidaient de ralentir, d’étirer le temps, d’avoir soudainement faim, soif, mal au ventre ou autre, ils perdraient leur privilège de lecture et/ou leur temps seul avec Maman. Comme ils tenaient tous à ce temps, le perdre était en soi une conséquence désagréable pour eux.

Il est vrai qu’une telle structure demande beaucoup de rigueur avec le cadran de la part du parent, qui doit aussi être capable d’accepter de perdre le temps privilégié avec son enfant si ce dernier choisit d’étirer la sauce lorsque le signal est donné. Pourtant, le prix en vaut la chandelle, parce que je vous assure que ça marche! Les routines du soir n’ont jamais été un problème chez moi. Pourtant, j’ai 5 enfants!

Soyez fermes et inébranlables
Si vos enfants n’ont jamais eu à vivre de conséquence pour une routine, sachez que, comme pour toute nouvelle règle établie, ils vous testeront dans les premiers jours, voire les premières semaines, dépendamment de leur personnalité et de votre capacité à vous assumer pleinement ou non. Au début, vous devrez déployer beaucoup d’énergie pour affronter toutes leurs tactiques pour vous faire flancher! Mais croyez-moi, si vous ne cédez pas à votre culpabilité, à votre peur de les brimer, à votre difficulté à les voir pleurer, à votre doute et à votre envie d’acheter la paix, vous y gagnerez très rapidement.

Il est très exigeant sur le coup de faire assumer à l’enfant la conséquence de ses choix. Mais c’est un investissement qui rapporte à moyen et à long terme. Et le gain vaut plus que de l’or puisqu’il se calcule en une meilleure qualité de vie et de temps ensemble, dont toute la famille bénéficie.

Alors je vous souhaite une bonne rentrée à tous et une année remplie d’équilibre et de beaux moments d’harmonie familiale du réveil jusqu’à l’heure du dodo!

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