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Mon enfant, mon bourreau ? Ou bien...

En tant que parents, il nous arrive à tous de nous sentir coupables, impuissants, dépassés, voire terrassés par une situation que nous vivons avec nos enfants. Ressentir ces sentiments est tout à fait naturel. Mais ça ne fait pas de nous des victimes et d’eux des bourreaux pour autant!

Victime, moi? Jamais!

Ce qui nous conduit à la victimite, c’est plutôt le fait d’abdiquer, de capituler face à une situation récurrente que nous jugeons inacceptable, pour ensuite nous apitoyer sur notre sort et blâmer ce «petit monstre» pour notre infortune. C’est beaucoup plus facile d’accuser les autres de nos malheurs, de nos déceptions, de nos échecs, de nos frustrations ou de nos manques, que d’en prendre nous-mêmes l’entière responsabilité.

La victime se reconnait aisément dans notre entourage. On la détecte à 100 kilomètres à la ronde. C’est l’adolescent qui culpabilise l’enseignant pour son échec scolaire; c’est la

La première étape pour s’en sortir, c’est de mettre en lumière nos besoins, nos limites et nos valeurs, pour identifier ce que nous acceptons et n’acceptons pas dans la relation avec nos enfants.

voisine qui blâme son mari parce qu’il ne l’écoute pas; c’est le beau-frère qui accuse son patron pour son incompétence. Que celui ou celle qui n’a jamais utilisé ce pouvoir me jette la première pierre! Oui, j’ai bien dit pouvoir!

Le pouvoir défensif de la victime

Il est essentiel de faire la différence entre le fait d’être victime de quelque chose ou de quelqu’un et l’action de se victimiser soi-même, c’est-à-dire de s’apitoyer sur son propre sort tout en culpabilisant ou en blâmant un «méchant».

Le parent qui se victimise face à son enfant ressent véritablement des émotions désagréables. Il souffre réellement. Il se sent démuni, dépassé. Il ne se sent pas à la hauteur de la situation. Quand il tente de se positionner, il a peur de ne pas y arriver, peur d’être rejeté par son enfant, ou pire, de perdre son amour. Comme il croit n’avoir aucun pouvoir, il cherche inconsciemment ce pouvoir à l’extérieur de lui. Il le trouve par la culpabilisation de son enfant.

Trop de parents voudraient qu’une ou deux interventions suffisent à régler le problème... Pure illusion!

Pauvre de moi...

Personnellement, je me souviens encore de l’impuissance et du sentiment d’incompétence que je ressentais devant un de mes enfants qui faisaient des crises de nerfs à répétition. Ayant, en toute bonne foi, le sentiment d’avoir tout essayé, je tentais de convaincre mon entourage que c’était mon fils qui était impossible à contenir alors que moi, mère compétente, je faisais tout pour réussir.

Les gens m’écoutaient et me trouvaient bien courageuse de faire face à un tel défi. Leur approbation m’enfonçait dans ma victimite. À ce moment-là, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais, comme la plupart des parents victimes. J’essayais inconsciemment de me déresponsabiliser face à ma situation pour ne pas ressentir ma peur d’être une «mauvaise» mère.

Jusqu’au jour où une amie qui m’écoutait n’a pas mordu à mon petit manège inconscient. Elle m’a dit: «S’il continue, c’est qu’il sait qu’il peut continuer avec toi.» Mon pouvoir défensif venait de se dissoudre et je me retrouvais devant le pouvoir constructif de devoir faire face à ma responsabilité pour changer moi- même la situation. Mais comment récupère-t-on ce pouvoir?

Se retrousser les manches et s’engager envers... soi-même!

La première étape pour s’en sortir, c’est de mettre en lumière nos besoins, nos limites et nos valeurs, pour identifier ce que nous acceptons et n’acceptons pas dans la relation avec nos enfants.

La deuxième étape consiste à reconnaitre quel obstacle intérieur nous empêche de nous respecter avec notre enfant. Pourquoi moi, alors que je ne tolère pas les crises de nerfs, ai-je laissé mon fils en faire pendant si longtemps? Je me sentais extrêmement coupable, mais comme je n’avais pas identifié ma culpabilité, elle me menait par le bout du nez, à mon insu. Mon fils, lui, avait trouvé inconsciemment comment me faire céder. Tant qu’il y avait un espace pour me manipuler via ma culpabilité, il y allait.

La troisième étape est celle de s’engager envers soi-même à ne pas accepter l’inacceptable dans les comportements de nos enfants. Trop de parents voudraient qu’une ou deux interventions suffisent à régler le problème; que leur enfant comprenne sans qu’ils n’aient eux-mêmes aucun effort à faire comme parent et, surtout, sans qu’ils aient à se remettre en question. Pure illusion! Voilà pourquoi un investissement constant et lucide de la part des parents est fondamental.

Si belle soit la rose...

Dans mon jardin, il y a d’immenses rosiers grimpants que je dois tailler régulièrement pour qu’ils n’envahissent pas ma cour. Chaque fois, j’en ressors avec des égratignures qui chauffent pendant des jours. Mais ce travail est essentiel si je ne veux pas me laisser envahir!

Le parent, comme un jardinier, a ce genre de tâche à accomplir avec patience et persévérance afin de cultiver une relation qui soit à la fois saine et respectueuse entre lui et son enfant, et surtout... une relation qui ne se laisse plus jamais envahir par la culpabilité!

VIVRE, c’est...

Oser regarder là où le bât blesse... en nous!

C’est tellement facile de chercher un coupable à l’extérieur. C’est pas de ma faute, c’est mon enfant qui... C’est la société qui... C’est la mode qui... En agissant de la sorte, on abdique de notre pouvoir de changer la situation. Ce n’est qu’en allant voir ce qui nous dérange, en nous, et en y apportant des corrections que l’on pourra changer ce qui se passe à l’extérieur de nous!

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